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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/77

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ACTE TROISIÈME

Yseult entre tout hors d’haleine. Tristan, incapable de se maîtriser, s’élance vers elle en chancelant. Il la rencontre au milieu de la scène ; Yseult le reçoit dans ses bras.

YSEULT.

Tristan !

TRISTAN,
Il glisse dans les bras d’Yseult et tombe mourant sur le sol.

Tristan ! Yseult !

(Il expire.)


YSEULT.

Tristan ! Yseult ! Tristan ! — Tristan ! âme trop fière !
Hélas, sans moi, vas-tu partir !
Entends ma voix ; — Yseult t’appelle ! —
Dans tes bras elle veut mourir ! —
M’as-tu trahi, cœur infidèle ? —
Ah ! pour une heure ouvre les yeux !

Le coeur brisé par d’affreuses alarmes,
J’ai tant souffert et versé tant de larmes ;
Ingrat, vas-tu tromper mes voeux ?
Accorde-moi cet instant plein de charmes,
Cette heure d’amour radieux ! —

Ta plaie ? — Oh ! viens que je la ferme ! —
Dans son sein maternel, que la nuit nous enferme,
Mais, ta blessure, non ! De grâce, n’en meurs pas ;
Que l’amour nous unisse, en un même trépas ! —
La flamme de la vie en ses yeux s’est éteinte.
Pleurs inutiles, vaine plainte !
Je me lamente et je ne peux
Me donner à celui que j’aime,
Dans un baiser suprême.