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Page:Wailly – La Folle ou Le Testament d’une Anglaise, 1827.djvu/75

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CÉCILE.

Vous me devez la vie… Mais moi, ne vous dois-je rien, Arthur… Sans vous, sans les événemens d’hier, que serais-je ?… Au lieu qu’à présent…

ARTHUR.

Que dites-vous ?

CÉCILE.

Eh bien ! oui… depuis ce moment, qui a failli m’être si funeste, je ne me reconnais plus… Il se passe en moi des choses si singulières… il me semble que jusqu’à présent je n’ai pas vécu… Oh ! non, non je ne vivais pas… Hier encore, je parlais sans réfléchir… je répondais sans écouter… ou j’écoutais sans entendre… Aujourd’hui, par un changement que je ne peux concevoir, le trouble et la confusion qui obscurcissaient mon esprit se sont dissipés tout à coup ; les idées m’arrivent en foule ; les mots se présentent pour les rendre… Je ne suis plus un objet de pitié… je suis comme vous maintenant, comme tout le monde… Et ce bonheur inconnu jusqu’ici, c’est à Arthur que je le dois… Près de lui seulement je m’anime, je m’exalte, j’existe… Sans lui, je le sens, je retomberais dans mon premier état… Ah ! reste, reste toujours près de moi… ne me quitte plus jamais… sois mon appui, mon guide, mon époux… je ne vis qu’en toi, pour toi, par toi… je ne suis rien sans toi…

ARTHUR.

Cécile, ma chère Cécile, vous voilà… c’est vous… je vous ai retrouvée…