avait un secret dont Sata désirait lui parler. L’esprit naïf du médecin considérait ce nom comme significatif pour sa mission ; Sata était assurément un sataniste. Il consentit sans hésiter et le jongleur le salua avec des signes mystérieux prouvant qu’il était un luciférien de la secte de Carbuccia. Mais par quel moyen diabolique il avait deviné l’affiliation du docteur, c’était le diable et non le docteur qui pouvait l’expliquer.
La langue parlée par les jongleurs cingalais est le tamoul, mais ils baragouinaient un peu de français, ce qui est non moins pratique que nécessaire dans la présente affaire. Leurs brèves explications indiquaient clairement qu’on avait besoin des services du docteur Bataille au chevet d’une mourante nommée Mahmah ; Sata et le docteur avaient alors pris place dans un transport de location, tandis que le reste des jongleurs suivait au trot dans la nuit. De cette manière, ils traversèrent un effrayant désert, plongèrent dans une forêt de broussailles, finirent par traverser un ruisseau et, après deux heures, arrivèrent dans une clairière.