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Ce succès ayant encouragé le poète, il donna successivement : L’Idole (1869), Les Souvenirs (1872), L’Adieu (1873), Les Villes de marbre (1874), poésies couronnées par l’Académie française, Printemps passé (1875).

Vers cette même époque, il quitta la Préfecture de la Seine pour le Luxembourg, où il fut, depuis, attaché à la Présidence du Sénat. Enfin il publia deux recueils où se résument ses grandes qualités : Au Fil de l’eau (1877) et Poèmes de Paris (1880). « Par ce volume excellent (Au Fil de l’eau), dit M. Emmanuel des Essarts, comme par l’ensemble de son œuvre, Albert Mérat a conquis sa place au premier rang des jeunes poètes. Ce n’est pas un narrateur tel que Coppée, un psychologue comme Sully Prudhomme, comme Silvestre un lyrique amoureux, comme France un alexandrin pénétré de « modernité » ; c’est, en poésie, un peintre de genre et de paysage, encadrant ses tableaux dans les quatrains de la stance ou du sonnet. Il a semé des chefs-d’œuvre dans tous ses recueils et déployé dans son art une certitude, une souplesse qu’aucun autre n’a dépassées. »

Après un long silence, le poète nous revient. Alors paraissent Vers le Soir (1900), poésies couronnées par l’Académie française ; Triolets des Parisiennes de Paris (1900), Les Joies de l’heure (1902) ; Chansons et Madrigaux (1902), Vers oubliés (1902), Petit Poème (1903), Les Trente-Six Quatrains à Madame, avec leurs Trente-Six Dédicaces (1903) ; enfin La Rance et la Mer, paysages bretons (1903).

Chevalier de la Légion d’honneur, M. Albert Mérat est actuellement bibliothécaire au Palais du Sénat, charge dans laquelle il a succédé à Coppée, Lacaussado, Ratisbonne, Anatole France et Leconte de Lisle.




LES MARBRES ROSES
VENISE


Nos marbres, pierres de tombeaux,
Sont funèbres ou prosaïques.
Les marbres roses ne sont beaux
Que près de l’or des mosaïques.

Le ciel levant vient se poser
Sur leurs finesses d’aquarelles :
On dirait qu’il donne un baiser
A des gorges de tourterelles.

En des accords blonds et tremblants
Résumant la douceur des choses,