Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares- ;
Et les ronces avaient effacé le chemin.
Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre.
Des midis sans soleil, des minuits sans un astre,
Passèrent, et j’ai, là, vécu d’horribles jours ;
Mais tu parus enfin, blanche dans la lumière,
Et, bravement, afin de loger nos amours,
Des débris du palais j’ai bâti ma chaumière.
« Pour toujours ! » me dis-tu, le front sur mon épaule.
Cependant nous serons séparés. C’est le sort.
L’un de nous, le premier, sera pris par la mort
Et s’en ira dormir sous l’if ou sous le saule.
Vingt fois, les vieux marins qui flânent sur le môle
Ont vu, tout pavoisé, le brick rentrer au port.
Puis, un jour, le navire est parti vers le Nord.
Plus rien. Il s’est perdu dans les glaces du pôle.
Sous mon toit, quand soufflait la brise du printemps,
Les oiseaux migrateurs sont revenus, vingt ans ;
Mais, cet été, le nid n’a plus ses hirondelles.
Tu me jures, maîtresse, un éternel amour ;
Mais je songe aux départs qui n’ont point de retour.
Pourquoi le mot « toujours » sur des lèvres mortelles ?
J’aurai cinquante ans tout à l’heure ;
Je m’y résigne, Dieu merci !
Mais j’ai ce très grave souci :
Plus je vieillis, et moins je pleure.
Je souffre pourtant aujourd’hui
Comme jadis, et je m’honore
