Et vous serez aussi, brins d’osier, l’humble claie
Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l’étend,
Tout prêt pour le cercueil. — Son convoi se répand,
Le soir, dans les sentiers où verdit l’oseraie.
Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.
La fleur des vignes pousse,
Et j’ai vingt ans ce soir…
Oh ! que la vie est douce !
C’est comme un vin qui mousse
En sortant du pressoir.
Je sens ma tête prise
D’ivresse et de langueur.
Je cours, je bois la brise…
Est-ce l’air qui me grise,
Ou bien la vigne en fleur ?
Ah ! cette odeur éclose
Dans les vignes, là-bas…
Je voudrais, et je n’ose,
Etreindre quelque chose
Ou quelqu’un dans mes bras !
Comme un chevreuil farouche
Je fuis sous les halliers ;
Dans l’herbe où je me couche
J’écrase sur ma bouche
Les fruits des framboisiers
Et ma lèvre charmée
Croit sentir un baiser,
Qu’à travers la vannée,
Une bouche embaumée
Vient tendrement poser…
O désir, ô mystère !
O vignes d’alentour,