Aller au contenu

Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t1.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les œuvres de M. Jacques Normand ont été éditées par Calmann-Lévy.

M. Jacques Normand a collaboré à de nombreux quotidiens et périodiques.

M. Jacques Normand, né à Paris en 1848, se fit recevoir avocat à vingt et un ans. Il étudiait à l’Ecole des chartes lorsque la guerre éclata. Après avoir fait simplement et bravement son devoir sous la vareuse bleue du « moblot », il se consacra aux lettres.

Il écrivit nombre de volumes, poésies, romans, monologues, et il aborda la scène avec un égal succès. Plusieurs gracieux petits actes : Le Troisième Larron, Les Petits Cadeaux, L’Auréole, Voilà Monsieur ! l’avaient mis en évidence, lorsqu’il donna au Gymnase (en collaboration avec l’illustre auteur de Bel-Ami), Musotte, qui tint longtemps l’affiche et fut jouée sur plusieurs scènes départementales. Au même théâtre, il fit jouer une très jolie comédie en trois actes : Les Petites Marmites, et à l’Odéon Les Vieux Amis, Blackson père et fille, Monsieur et Madame Dugazon. Enfin il fit représenter à la Comédie française L’Amiral, cette spirituelle comédie qu’il avait fait jouer tout d’abord au Gymnase, La Douceurde croire, et, tout dernièrement, On n’oublie pas.

Citons, parmi ses ouvrages en prose : Le Monde ou nous sommes, La Madone, Contes à Madame, Du triste au gai.

Quant à ses poésies, elles sont nombreuses. Nous mentionnerons : Les Tablettes d’un mobile, recueil de vers écrits pendant les sombres veillées des nuits de grand’garde, A tire-d’aile, La Muse qui trotte, Les Moineaux francs, Soleils d’hiver, Les Visions sincères, Paravents et Tréteaux.

« M. Jacques Normand, dit M. Louis Labat, est un des pères du monologue. » Et il ajoute fort justement : « Si je cherchais un rapprochement, c’est à Gresset que me ferait songer M. Jacques Normand. Je ne sache pas que, depuis nos conteurs du siècle dernier, on ait manié le petit vers avec une dextérité plus heureuse. »

De fait, l’auteur de La Muse qui trotte a rajeuni et modernisé le vers de Gresset. Il est gai, mais avec une pointe de mélancolie discrète. Et s’il n’a pas créé le monologue, il lui a prêté un tour et une expression très littéraires. Il sait toucher d’un doigt alerte à la psychologie ; telles de ses pages sont d’un sentiment exquis ; mais lorsque l’attendrissement le gagne, son esprit évoque soudain un souvenir joyeux, une concordance drolatique, et sa verve naturelle reprend le dessus.

Le vers de M. Jacques Normand se recommande par l’extrême facilité, l’élégance native, le naturel ; plusieurs de ses poésies sont devenues célèbres dès la première récitation.

M. Jacques Normand a épousé la fille de Joseph Autran. Il est membre de la commission de la Société des auteurs dramatiques et du comité de la Société des gens de lettres.