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Empêchent ta libre allure
Vers les clairières prochaines.

Mais tu romps, faisant la moue,
L’audace de chaque branche
Qu’attiraient ta nuque blanche
Et les roses de ta joue.

Ta robe est prise à cet arbre,
Et les griffes de la haie
Tracent parfois une raie
Rouge sur ton cou de marbre.

Laisse déchirer tes voiles.
Qui es-tu, fraîche fillette,
Dont le regard clair reflète
Le soleil et les étoiles ?

Maintenant te voilà nue,
Et tu vas, rieuse encore,
Vers l’endroit d’où vient l’aurore.
Et toi, d’où es-tu venue ?

Mais tu ralentis ta course,
Songeuse et flairant la brise.
Délicieuse surprise,
Entends le bruit de la source.

Alors frissonnante, heureuse
Et te suspendant aux saules,
Tu glisses jusqu’aux épaules
Dans l’eau caressante et creuse.

Là-bas, quelle fleur superbe !
On dirait comme un lis double.
Mais l’eau tout autour est trouble
Pleine de joncs mous et d’herbe.

Je t’ai suivie en satyre
Et, caché, je te regarde
Blanche, dans l’eau babillarde.
Mais ce nénuphar t’attire.

Tu prends ce faux lis, ce traître,
Et les joncs t’ont enlacée,