À LA FONT-GEORGES
O champs pleins de silence,
Où mon heureuse enfance
Avait des jours encor
Tout filés d’or !
O ma vieille Font-Georges,
Vers qui les rouges-gorges
Et le doux rossignol
Prenaient leur vol !
Maison blanche où la vigne
Tordait en longue ligne
Son feuillage qui boit
Les pleurs du toit !
O source claire et froide,
Qu’ombrageait le tronc roide
D’un noyer vigoureux
A moitié creux !
Sources ! fraîches fontainesI
Qui, douces à mes peines,
Frémissiez autrefois
Rien qu’à ma voix !
Bassin où les laveuses
Chantaient, insoucieuses,
En battant sur leur banc
Le linge blanc !
O sorbier centenaire,
Dont trois coups de tonnerre
N’avaient pas abattu
Le front chenu !
Tonnelles et coudrettes,
Verdoyantes retraites
De peupliers mouvants
A tous les vents !
O vignes purpurines,
Dont, le long des collines,