Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/187

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CETTE PETITE

 
Cette petite brunette
Qui n’avait jamais aimé,
Comme elle rêvait seulette,
Dans les bois, un soir de mai,
Entendit une fauvette
Chanter dans Tair parfumé.
 
Elle s’arrêta, surprise,
Et mit ses mains sur son cœur.
D’où vient l’émoi qui la grise
D’une secrète douceur ?
Qui fait passer dans la brise
Cette extatique langueur ?

La chère petite belle
Dont le cœur s’est adouci
Sent palpiter comme une aile
Son sein d’un frisson saisi
En écoutant au fond d’elle
Un oiseau chanter aussi.


SUR LA PLAGE


Blanches ailes des barques frêles,
Vois ces taches d’un ton plus clair
Sur le vert sombre de la mer :
Sont-ce des voiles ou des ailes ?

N’est-ce pas que l’une d’entre elles
Doit cingler — ô le rêve cher ! —
Vers une île adorable où l’air
Est tout peuplé de tourterelles ?

Rêveuse qui les suis des yeux,
Veux-tu regarder tous les deux
La même voile, au loin, qui tremble ?

La seule extase sans rancœurs,
Le plus délicat des bonheurs,
C’est encor de rêver ensemble.