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424 ANTHOLOGIE DES POETES FRANÇAIS LE ROSIER ENCHANTÉ COMMENT UNE GENTILLE FÉE OFFRIT SON AMOUR A JEANNOT ET CE QU’iL ADVINT En ce temps-là vivaient le Roi Charmant, Serpentin-Vert et Florine ma mie, Et, dans sa tour, pour cent ans endormie, Dormait encor la Belle-au-Bois-Dormant. C’était le temps des palais de féerie, De l’Oiseau Bleu, des Pantoufles de vair. Des vieux récits dans les longs soirs d’hiver : Moins sots que nous y croyaient, je vous prie. Jeannot, un soir, cheminait dans le bois, Et regagnait la maison, d’un pied leste, Lorsqu’une Voix, qui lui parut céleste, L’arrêta net : « Jeannot! » disait la Voix. Qui fut surpris? Dame! ce fut notre homme. Il ne s’était aucunement douté Qu’il cheminât dans le Bois Enchanté. S’il n’avait peur, ma foi! c’était tout comme. Il demeura tout sot et tout transi. « Jeannot, mon bon Jeannot! » redisait-elle. Il n’était pas, certe, une voix mortelle. Charmante assez pour supplier ainsi. Or, en ce lieu, poussait, plus haut qu’un orme, Un rosier d’or aux roses de rubis. Le paysan eût eu mille brebis D’un seul fleuron de ce rosier énorme. La Voix partait de ces rameaux touffus. Car il y vit une gentille Fée, De diamants et de perles coiffée. Jeannot tira son bonnet, tout confus. « Jeannot, je veux te conter ma misère, Dit-elle; écoute et remets ton bonnet. Je te demande une chose qui n’est Que trop plaisante à tout amant sincère. »