Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/559

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Dont l’amour, fidèle ou volage,
Est le pilote hasardeux.
A l’ouest que le soir illumine,
Un mythologique coteau
Se hérissait d’une ruine,
Temple croulant ou vieux château.
Et soudain, par les embrasures,
Avant de mourir, le soleil
De la pourpre de ses blessures
Inondait le débris vermeil.
Au seuil de la nuit illusoire.
Nous regardions, l’œil ébloui.
Coucher à travers l’arche noire
Le sang de l’astre évanoui.
O bien-aimée ! ainsi nos âmes
Ont des ruines à côté
Des blancs palais où nous aimâmes,
Au bord de ce golfe argenté.
Le temps implacable ravage
Les fronts, les cœurs, les liens charmants.
Te souviens-tu de ce rivage
Qui fut cher à tous les amants ?


HEUREUX L’HOMME QUI VOUE
EN SA PENSÉE AUSTÈRE…


Heureux l’homme qui voue en sa pensée austère Un temple intérieur à l’éternel mystère Et grave comme un prêtre, humble comme un enfant, Ignore, cherche, espère, et médite, et défend La porte de son âme aux amours illusoires ! Heureux qui se réveille et sort des cités noires Comme un soldat des camps, comme un marin des flots ! Heureux qui songe à l’heure où les destins sont clos ! Déjà l’immense paix l’ombrage de son aile ; Un crépuscule blême au fond de sa prunelle Met une lueur sombre et fauve tour à tour,