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« Xavier Privas a eu, à ses débuts à Paris, la chance de rencontrer une artiste de grande valeur qui s’est donné la peine de lire attentivement ses chansons, s’est enthousiasmée pour elles et s’est juré de faire partager à tous son admiration pour l’œuvre du poète-chansonnier. Cette artiste est Félicia Mallet, le mime incomparable, diseuse impeccable de chansons et comédienne de premier ordre. » (pierre Trimouillàt.)

Jamais, on le sait, M. Privas n’a fait le moindre sacrifice aux petites passions du public ; il a fait de sa chanson une chose vraiment morale. Par certains côtés, a dit M. E. Ledrain, il ressemble à Baudelaire : « Il relève de Baudelaire, d’un Baudelaire fort artiste, fort sombre, mais moins les descentes dans les charniers et dans les putréfactions morbides. C’est à Baudelaire pastorisé, soigneusement filtré à travers les plus puissants appareils, que fait songer M. Xavier Privas. »

En juin 1899, lorsqu’il fut question parmi les chansonniers d’élire un des leurs Prince de la Chanson, les poètes-chansonniers, à l’unanimité, décernèrent la souveraineté dans leur art au pur artiste qu’est M. Xavier Privas.

M. Xavier Privas est chevalier de la Légion d’honneur.

COUCHER DE SOLEIL

Les vents se sont calmés, la mer s’est apaisée.
Le Silence a repris son règne interrompu,
La Joie épanden nous la paix de sa rosée,
Et le Deuil de la Terre est par ses soins rompu.

En le ciel embrumé paraît une éclaircie
D’où le soleil surgit rouge et resplendissant,
Couronné comme un roi, nimbé comme un messie
D’une auréole d’or, de lumière et de sang.

Les flots sont caressés par ses rayons de gloire,
Leur cime a les reflets des plus purs diamants,
Les rocs ont rejeté leur carapace noire
Pour semer des rubis sur leurs escarpements.

C’est l’ultime lueur d’une lente agonie,
C’est le suprême éclat d’un astre qui s’éteint,
C’est le dernier éclair d’un somptueux génie,
C’est l’angoisse d’un Dieu que le trépas atteint !