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SAINT FRANÇOIS A NOEL

Un Dieu plein de douceur mit la faiblesse en nous
Afin que nous aimions les faibles et les doux,
Et que l’homme aux petits soit toujours charitable.
Aussi Jésus voulut naître dans une étable.
Or, le bon saint François, lorsque venait Noël,
Pour convier le monde à l’amour fraternel,
Devant ceux que l’orgueil aveuglément domine
Prêchait l’humilité dans une humble chaumine.
Il avait près de lui le bœuf, l’âne ; et ceux-ci,
Qu’aimait le pur apôtre, et qui l’aimaient aussi,
Fixaient sur leur ami leur regard grave et tendre,
Et, l’écoutant parler, paraissaient le comprendre.

(Fleurs de Corail.)

LE SOIR

D’APRÈS UN PASTEL DE MARIE-JOSEPH IWIL

Sous un dais de feuillage embaumé qui se mire
Dans le golfe, où la lune au visage blêmi
Epanche la clarté de son regard ami,
La vierge se recueille en effleurant sa lyre.

Elle égrène des chants que ses yeux semblent lire
Au beau livre du ciel entr’ouvert, et parmi
Les larmes, bleus feuillets déroulés à demi
Par le doigt invisible et léger du zéphire.

Le rêve voilé d’ombre, et qui sommeille encor,
Tressaille aux sons glissant le long des cordes d’or ;
Du silence s’élève une lente harmonie ;

Et des fleurs, dont un souffle agite l’encensoir,
Jusqu’aux astres épars dans la sphère infinie,
S’exhale avec douceur l’âme errante du soir.

(Poèmes de France et de Bourbon.)