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PRINTEMPS

STANCES

Pourquoi laisser encor vos muses endormies ?
Le dernier soir d’hiver là-bas s’est effacé,
Emportant dans les plis de son manteau glacé
Les sonates de deuil que vos luths ont gémies.
Dans les roses splendeurs des aubes purpurines
La nature s’attarde aux langueurs du réveil ;
Coquette, elle sourit aux baisers du.soleil…
Poètes, reprenez vos chimères divines !

Quand les redirez-vous vos tendres mélopées ?
Et vos rêves ailés et vos rythmes berceurs ?
Voyez, les nuits d’amour en leurs tièdes douceurs
De plis mystérieux se sont enveloppées.
Phébé va s’inonder de clartés azulines :
Qu’attendez-vous pour nous chanter les doux frissons,
Et la rumeur des soirs, et les voix des buissons ?
Poètes, reprenez vos chimères divines !

Dans l’azur rayonnant, nos cimes désolées
De léger satin vert vont bientôt se couvrir ;
Sous le charme d’avril, les bois vont refleurir
Et faire pardonner leurs feuilles envolées.
Le virginal miroir des sources cristallines
De rires diaprés commence à se plisser
Sous le souffle embaumé qui vient les caresser.
Poètes, reprenez vos chimères divines !
Marseille, 1888.

(En Passant.)

LES MARGUERITES

Dès que par bois et par étangs
Le radieux prince Printemps
Met sa parure des vingt ans

A la nature ;
Dès que pour sa grande chanson