Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/337

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SONNET

Au divin comte.

Dans tes œuvres je vois passer des gestes fins,
Des froufrous précieux, de singuliers sourires,
De blondes pâmoisons et d’amoureux délires ;
Dans ton œuvre, François, trois siècles féminins.
Des pleurs canalisés dans de prestes satins
Et du soleil d’adieu sur les choses les pires…

— Ce sont les pages dans lesquelles tu te mires
Avec mélancolie en tes meilleurs matins.

Et, moderne Laclos, tu remplis bien ta tâche,
Honnête de Nion, cavalière moustache,

— Et tes Façades sont nos Liaisons à nous, Dangereuses combien ! — Lorsqu’il les va connaître, L’avenir curieux en frémira peut-être,

— Et puis les relira dans un tendre courroux.

(Remember.)

SONNET

Quand je vois les quartiers où coula mon enfance,

— La Madeleine, l’Arc et ce Saint-Augustin, —
Vieux de déception, mais jeune d’espérance,
Que je voudrais revivre encore mon matin !

O dimanches d’alors dans cette ville immense
Où, — pour mieux oublier mon latin, — si mutin,
J’adorais la chanson, la gloire et l’élégance
Des robes de moire, et de soie, et de satin !
Et le sourire fin de ces Parisiennes !
J’aperçois par là-bas ces fenêtres, les miennes,
Contre lesquelles j’ai rimé par des jours gris —
En regardant passer (sans doute elles sont mortes)
Des femmes vers Monceau… Souvenir, tu m’apportes
D’anciens et voilés sourires de Paris.

(Remember.)