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« Il est épris d’égalité sociale, il espère ardemment que le jour viendra où tous les êtres pourront extraire de la vie tout le bonheur qu’elle recèle. »

Le vers de M. Poinsot est impressionniste. Le drame des couleurs l’obsède. Après avoir donné, en 1899, Les Yeux s’ouvrent, œuvre d’essai en vers classiques, il « se libère » dans ses Minutes Profondes, qui, « classées chronologiquement, indiquent assez qu’il prend peu à peu possession de son instrument ». Voici, d’ailleurs, comment il s’exprime lui-même dans sa Préface : « J’ai libéré mou vers de la foule des règles arbiraires et bizarres, en y gardant toutefois ce qui me paraît ue pouvoir lui être enlevé sans anéantir du même coup les qualités essentielles du vers français. J’ai dit autre part les motifs de cette émancipation point par point raisonnée1. Ce n’est pas le lieu d’y revenir. J’ai voulu, dans les pages qui suivent, réaliser la théorie, sachant que la théorie ne vaut que par l’œuvre qui la prouve. Bien que je ne prétende nullement avoir innové quoi que ce soit dans la prosodie qui me guide, peut-être remarquera-t-on que, parmi les tâtonnements fatals et même nécessaires des ouvriers d’une période de transition, j’ai suivi un programme assez constant et assez net, et qui me paraît minimum : \° emploi facultatif de l’hiatus ; 2° jeu varié le plus possible de la césure ; 3° sonci do la seule homophonie des rimes. J’ai conservé rigoureusement la règle de l’élision de IV muet à l’intérieur du vers, la distinction du sexe des rimes et la mesure maxima fixée à douze syllabes. Tel est le résumé de la versilication employée dans ces poème». Ainsi compris, déterminé, limité, le vers libéré constitue, me semble-t-il, l’évolution naturelle du vers classico-romantique, et s’oppose uettement au vers libre, qui d’ailleurs tend a disparaître. »

O SOIR INFINIMENT MÉLANCOLIQUE

ET DOUX…

O soir infiniment mélancolique et doux,
Où, du ciel et du sol, éclose de partout,
Aux,mauves d’occident, l’ombre un peu se colore,
Soir où profondément l’on aime et l’on adore,
Tu me parais auguste ainsi que tout moment
Où l’âme communie avec le firmament ;
Mais ton heure a ceci de plus grand et plus grave

1. Compte rendu du Congrès des Portes (1901). Sur les tendances de la Poesie nouvelle (1903).