Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/476

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Ou serait l’être ? ver3 quel lointain Quelque part,
Lorsque se referait la terre productrice
Avec ce qui fut voix, attitude et regard ?…

(Occident.)

L’ADIEU AUX JARDINS

Aurais-je donc passé sans vous laisser de traces,
Après-midi profonds et calmes du printemps,
Où, la paume a la joue, accoudée aux terrasses,
J’ai si souvent fermé mes yeux las de beau temps ?

Dans ma pensée abstruse et mes songes de marbre,
J’ai tressailli parfois atteinte jusqu’aux os,
Les jours qu’interrompant le silence des arbres
Se gonflait tout à coup la voix de vos oiseaux.

Je mêlais ma jeunesse à la douceur des choses,
Quand le vent frissonnait dans les lilas voisins
Et qu’au soleil, ainsi que d’étranges raisins,
Vos marronniers fleuris portaient des grappes roses.

Leurs feuilles aux longs doigts qui s’étalent à plat
Flottaient sur l’air mouvant ou rythme des berceuses ;
Un bourdon lourd au corps de pierre précieuse
Mettait dans l’ombre verte une goutte d’éclat…

Ah ! terrasses ! jardins d’avril et de paresse,
Ne restera-t-il rien de moi parmi le vent ?
Que deviendront mes pas et mon rêve émouvant,
Et ma tendresse, et ma tendresse, et ma tendresse ?…

(Ferreur.)

L’ODEUR DE MON PAYS

L’odeur de mon pays était dans une pomme.
Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme,
Pour me croire debout dans un herbage vert.
L’herbe haute sentait le soleil et la mer,
L’ombre des peupliers y allongeait des raies,
Et j’entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,