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APPARATS

Je veux, pour dos l’instant qu’il me verra, lui plaire,
Savoir tout le secret des parfums et des fards,
Tout l’art harmonieux du geste involontaire,
Et le subtil apprêt des plus tendres regards.

Je veux dans les tableaux et dans le plus gros livre,
Au musée où l’on voit les marbres sculpturaux,
Rechercher la beauté la plus belle de vivre,
Et pénétrer les yeux qui charmaient les héros.

Je saurai de quel rêve et quel étrange faste
Celle par qui l’on peut croire que succomba
La sagesse du grand et morne Bcclésiaste
Forma son nom d’émail : La Reine de Saba.

J’apprendrai lentement des beautés indiennes
Le silence divin sous les joyaux trop lourds,
Et de l’Espagne et des dames vénitiennes,
La splendeur des cheveux, des mains et des velours.

Un visage d’enfant sous un beau teint de lune,
La feinte d’un cœur frais que l’on a mal charme,
Les caresses des cils mouvants, l’une après l’une,
Me seront révélés sans voix par Salomé.

Je veux, quand il viendra dans l’allée empourprée,
Heureux d’atteindre enfin le but de tous les buts,
Qu’il croie, en me voyant, frêle, grave et parée,
Voir une reine-enfant avec les attributs.

Je ne bougerai pas, délicate et sereine,
Un long temps, pour qu’il rêve et qu’il soit étonné,
Et pour que, dès ce jour, à jamais il comprenne
Le geste de mon corps immobile et donné.

Arrêté dans l’allée où rêvent de vieux charmes,
Il voit aussi mon cœur : mon cœur est un coffret
Qui contient les trésors de l’amour et des larmes’,
Et dont sans le savoir il détient le secret.

Et puis nous parlerons. Hélène et Cléopâtre
M’ont dit comment on vainc les guerriers et les rois,