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M. Pierre Louÿs a collaboré à la Revue d’Aujourd’hui (1890), à la Conque (1891), à la Wallonie (1890, 1891, 1892), à Floréal (1892), au Mercure de France (depuis 1894), à la Revue Blanche, au Centaure, recueil de luxe qu’il fonda avec MM. Henri de Régnier, A.-F. Hérold, Jean de Tinan, Paul Valéry et Henri Albert, d’une collaboration limitée aux seuls fondateurs et qui n’eut que deux tomes (1892), au Journal, à la Revue franco-américaine, à l’Image, à la Vogue (nouvelle série, 1900), à Vers et Prose, etc.

Né à Paris le 10 décembre 1870, M. Pierre Louÿs, arrière-petit-fils du docteur Sabatier, médecin de Napoléon, et petit neveu du général Junot, duc d’Abrantès, n’a quitté la capitale que pour faire deux ou trois voyages en Afrique, en Espagne et en Italie. Il se consacra de bonne heure aux lettres, collabora à la Revue d’Aujourd’hui, à la Wallonie, à Floréal, au Mercure de France et fréquenta le salon de José-Maria de Heredia. Il épousa, en 1899, Mlle Louise de Heredia, fille cadette du poète.

M. Pierre Louÿs a fait une étude approfondie de l’antiquité et de la littérature grecque. Il est surtout connu du public par son roman Aphrodite, lequel, publié en 1896 au Mercure de France, obtint un succès considérable et classa d’emblée son auteur parmi les meilleurs écrivains de l’heure présente, et par Les Chansons de Bilitis, délicieux poèmes qu’il donna comme traduits du grec en les attribuant à Bilitis « tant aimée et qui pourtant n’exista jamais »… Il est piquant de rappeler qu’un savant professeur de faculté, ancien élève de l’École d’Athènes, à qui il avait envoyé son ouvrage, lui répondit qu’il avait, avant lui, lu l’œuvre de Bilitis…

Dans Aphrodite, comme dans Les Chansons de Bilitis, comme dans Sanguines, comme dans tous ses livres, M. Pierre Louÿs est avant tout un merveilleux poète, et c’est là qu’il faut, peut-être, chercher le secret d’un succès aussi soudain qu’éclatant.

Tout jeune, en 1891, M. Pierre Louÿs fonda à Paris une petite revue, La Conque, où il publia ses premiers vers, et où collaborèrent aussi MM. Henri de Régnier, André Gide et Paul Valéry. Les onze numéros de cette revue furent honorés d’une page inédite tour à tour de Leconte de Lisle, de Paul Verlaine, de Stéphane Mallarmé, de José-Maria de Heredia ; ils formèrent ensuite une plaquette publiée à la Librairie de l’Art Indépendant sous le titre Astartè et qui est aujourd’hui introuvable. Le lecteur nous saura gré d’en avoir extrait quelques pièces. Nous y avons ajouté le sonnet récité par Mounet-Sully à l’inauguration de la statue de Leconte de Lisle et que l’auteur a bien voulu nous communiquer à cet effet.

Les vers de M. Pierre Louÿs, superbement évocateurs, sont d’un poète harmonieux et subtil, ayant déjà le culte de la Beauté grecque.