Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/601

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Alors qu’il me faudra pour jamais oublier,
C’est vous, c’est vous ! douceur des choses coutumières,
Vous qui resplendirez de suprême lumière,
Vous, mes humbles objets au charme familier !

Ce sera février, égrenant les grains d’ambre
De son beau mimosa duveteux et doré,
Ce seront les glaïeuls de l’automne adoré
Et l’enivrante odeur des roses de novembre ;

Ou bien mars, mauve et rose et tout glacé, qui sent
La violette bleue et la jacinthe lisse,
La maison qui s’emplit d’un parfum de narcisse,
Plaisir renouvelé d’avril, frêle et naissant ;

Les pivoines de juin tout en nacre et en soie,
Gerbe claire mirée en un miroir obscur ;
Un bouquet, découpant son ombre sur le mur,
L’odeur des premiers feux qui semblent feux de joie ;

Le goût et la saveur succulente d’un fruit,
Le rayon de soleil qui me dore la joue,
Et l’heure paresseuse où le rêve se joue,
Et le petit croissant de lune dans la nuit !

Le beau rythme secret de deux strophes égales ;
Ce qui pour d’autres cœurs est inutile et vain,
Le grand calme de l’ombre et le sommeil divin,
Les jeux des papillons et le vol des cigales ;

Les torrides midis de juillet étouffant,
La voix fraîche des eaux sous la verte ramure,
Et vous, chère langueur, tristesse douce et pure,
Et vous ! et vous ! et vous ! rires de mon enfant !