Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/70

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Car la Nuitparle a demi-voix, seule et lointaine
Aux calices pleins d’ombre pale et si légers ;
Mais la lune s’amuse aux myrtes allongés.

Je t’adore, sous ces myrtes, ô l’incertaine !
Chair pour la solitude éclose tristement
Qui se mire dans le miroir au bois dormant,
O chair d’adolescent et de princesse douce !
L’heure menteuse est molle au rêve sur la mousse
Et le délice sombre enfle ce bois profond.
Adieu ! Narcisse, ou meurs ! Voici le crépuscule.
La flûte sur l’azur enseveli module
Des regrets de troupeaux sonores qui s’en vont.

Sur la lèvre de gemme, en l’eau morte, o pieuse
Beauté pareille au soir, beauté silencieuse,
Tiens ce boiser nocturne et tendrement fatal,
Caresse, dont l’espoir altère ce cristal !

Emporte-le dans l’ombre, ô ma chair exilée,
Et toi, verse pour la lune, flûte isolée,
Verse des pleurs lointains en des urnes d’argent.

A notre demande, M. Paul Valéry a bien voulu s’expliquer, lui et son art, devant nos lecteurs. Nous reproduisons ici une page caractéristique qu’il nous a communiquée à cet effet. Elle constitue un curieux document littéraire :