Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Moi j’étais là à t’arr’garder
Et j’ te tendais mon tabellier.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Pens’ Louis, dans l’ temps, quand t’étais p’tit,
qui qu’aurait cru,… qui m’aurait dit
qu’ tu finirais comm’ ça un jour
et qu’ moi… on m’ verrait v’nir ici !

quand t’étais p’tit t’étais si doux !

À c’t’ heur’ j’arr’vois tout not’ passé,
lorsque t’allais su’ tes trois ans
et qu’ ton Pepa m’avait quittée
en m’ laissant tout’ seule à t’él’ver !

Comme ej’ t’aimais, comme on s’aimait,
qu’on était heureux tous les deux,
malgré des fois des moments durs
où y avait rien à la maison.
Comme ej’ t’aimais, comme on s’aimait,
c’était toi ma seul’ distraction,
mon p’tit mari, mon amoureux.

C’est pas vrai, est-c’ pas ? C’est pas vrai
tout c’ qu’on a dit d’ toi au procès ;
su’ les jornaux c’ qu’y avait d’écrit,
ça n’était ben sûr qu’ des ment’ries…

Mon P’tit à moi n’as pas été
si mauvais qu’on l’a raconté !

(Sûr qu’étant môm’, comm’ tous les mômes,
t’étais des fois ben garnement,
mais pour crapule… on peut pas l’ dire !)

T’étais si doux et pis… si beau…
meugnon peut-êt’ mais point chétif,
à caus’ que moi j’ t’avais nourri ;
t’étais râblé, frais et rosé,
t’étais tout blond et tout frisé
comme un amour, comme un Agneau…

(J’ai cor de toi eun’ boucle ed’ tifs
Et deux quenott’s comm’ deux grains d’ riz.)
Mon plaisir, c’était l’ soir venu,