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Je ne la vois plus, la splendeur des roses,
Mais le ciel a fait la part de chacun.
Qu’importe l’éclat ? j’ai l’âme des choses.
Je ne la vois plus, la splendeur des roses,
Mais j’ai leur parfum.

Je ne le vois pas, ton regard qui m’aime,
Lorsque je le sens sur moi se poser.
Qu’importe ! Un regret serait un blasphème,
Je ne le vois pas, ton regard qui m’aime,
Mais j’ai ton baiser.

Mes yeux sont fermés, mais qu’importe l’ombre !
J’ai trop de rayons et j’ai trop de jour
Pour qu’il puisse faire en moi jamais sombre.
Mes yeux sont fermés, mais qu’importe l’ombre,
Puisque j’ai l’amour !

(Dans ma Nuit.)
:-:


La Perruque grise

J’aime à chercher parmi les choses d’autrefois,
Parmi celles, surtout, qui n’ont pas été miennes ;
Souvent je laisse errer mes rêves et mes doigts
Sur ces pauvres débris d’existences anciennes.

Mais les Morts, dans la tombe, emportent leurs secrets !
Bracelets de cheveux, ou faits de grains d’ivoire,
C’est en vain que je sors du fond de leurs coffrets
Ces reliques du cœur… Nul n’en sait plus l’histoire !

Je souffre de n’avoir rien connu, rien aimé
De mon logis légué par ma très vieille tante ;
La curiosité de ce qui m’est fermé,
Malgré moi, me poursuit, m’inquiète, me hante !

Et du grenier poudreux j’ai fait un paradis,
Où va ma flânerie, en quête de surprise.
Or, j’y trouvai, parmi les choses de jadis,
Un jour, dans une boîte, une perruque grise !