Page:Walch - Nouvelles Pages anthologiques, t1, 1910.djvu/447

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Père, je te revais un soir où les rosiers
Frissonnaient cuivrés sous la brise d’Espagne
Et je jouais auprès de ma berce d’osier

Tu m’apportais les fleurs cueillies aux fanchaisons
c’était au temps auguste où le seigles se dorent…
Une dentelle bleue pavoisait l’horizon
Les fleurs arrondissaient ton bras comme une amphore.

Tu me dis dans un rire à des larmes mêlé :
« Petit, voici les blés que l’on fauche à ton âge ! »
Et dé ta veste de lainage
Tu tendis les bleuets et les lis de tes blés.

Et je crus quand neigea l’odorante gerbée,
Qui m’apportait des monts la sauvage fraicheur
Que tu venais du ciel, magnifique faucheur
Car tes fleurs me semblaient des étoiles tombées !

Michel Abadie