Page:Walch - Nouvelles Pages anthologiques, t1, 1910.djvu/449

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Par le monde ébloui tu traînes ta besace,
Mendiant les sanglots que tu n’as pas soufferts.
Mais ma couronne ardente auréole ta grâce
Quand ton songe s’amuse aux plis des temples verts.

Tes yeux sont parfumés d’une enfance de roses,
Et sous tes pas heureux surgissent de doux chants,
Car tu vas, le front pur, dans la clarté des choses,
Saluant de ta foi le doute des méchants.

Sous les rameaux penchants ta beauté se déploie,
Les lys de mes baisers murmureurs ont laissé
Sur ta bouche le miel des enchantantes joies.
Et dans l’Azur mes bras de vierge t’ont bercé.

Enfant qui ne sais pas que les heures sont folles.
Vois 1 mes nymphes au seuil de tes édens errants
Agitent pour ta lyre un éveil d’auréoles :
Enivre-toi de vie et bois à mes torrents !

Puis, quand tes livres auront bu les pleurs sublimes,
Mes mains d’aube et d’éternité, mes belles mains,
Pour qu’un sillage lumineux te guide aux cimes.
D’impérissables fleurs fleuriront le Chemin.

Vers mon antique ciel, sans règles et sans poses
Tourne ta jeune Lyre et soumets à ta voix
Toute d’amour, la voix des hommes et des choses,
Puis vêts de tes rayons les mondes que tu vois.

Mais afin que ta joie aux seuls pauvres décèle
Le pain de rêve pur que tes mains m’ont ravi.
Prends encor les clartés de mes yeux. Je suis celle
En qui toute splendeur orgueilleuse revit !

Déjà des mannes d’amour ennimbent ton âme,
Et les flambois ont lui de mon beau Thyrse d’or
A tes bras surchargés de myrtes et de flammes :
Mes yeux t’ouvrent l’allégresse des Labrador !"



J’ai répondu: — „Mes sœurs s’effrayaient de l’Attente,
Le bois éparpillait ses colombes de lait
Sur l’enfance d’azur des sources sanglotantes.
Mais tes mains de soleil, aux faîtes, m’appelaient.