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O.-W. MILOSZ
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Bibliographie. — Le Poème des Décadences (Girard et Villerelle, Paris, 1899) ; — Les Sept Solitudes (Jouve, Paris, 1906) ; — L’Amoureuse Initiation ; — Les Éléments (Éditions de l’Occident, Paris, 1911) ; — Les Chefs-d’œuvre lyriques du Nord, traductions (Figuière, Paris, 1912) ; — Don Miguel Manara [Le Don Juan historique], mystère en six tableaux (au Théâtre Idéaliste, 1913 ; La Nouvelle Revue Française, 1913) ; — Méphiboseth (Vers et Prose, 1913).

M. O.-W. Milosz a collaboré à divers journaux et revues.

M. O.-W. de Lubicz Milosz, né en 1877 au château de Czereïa (Pologne), descend d’une ancienne famille de Bohême, émigrée en Pologne au commencement du XVIe siècle. Étant venu à Paris dès 1889, il débuta en 1899 par un volume de vers intitulé : Le Poème des Décadences, accueilli favorablement. « Avec un art très sûr, écrivait dès 1900 M. Louis Payen, M. O.-W. Milosz manie le vers régulier comme le vers libre. Son verbe est sonore, précis, harmonieux, ses images sont rares et justes. Sa mélancolie hautaine et fière se teinte parfois d’ironie et de colères contenues. Il nous dit les tristesses d’amour avec un sourire infléchi d’amertume, les beautés et les hontes des décadences en spectateur impassible. » On reconnaissait dans ce premier livre l’influence de Swinburne, d’Edgar Poe, de Verlaine, de Henri de Régnier.

L’influence d’Edgar-Allan Poe est plus sensible encore dans le second volume de M. O.-W. Milosz, Les Sept Solitudes (1906), œuvre d’un romantisme et d’un symbolisme rare et merveilleux, qui réveille en nous un monde de sensations étrangement angoissantes, de superstitions endormies dans le subconscient et comme abolies. M. O.-W. Milosz s’y montre un profond artiste. Comme son maître, il possède la vision extra-terrestre. Son esprit immergé dans ce qu’on appelle si improprement le « surnaturel », saisit de mystérieuses correspondances et, par un sortilège inquiétant, concrète sous nos yeux de hideuses larves, d’affreux lémures, d’hallucinantes apparitions qui, pareilles aux fantasmagories médiévales évoquées par la magie d’un Holbein ou d’un Saint-Saëns, nous font éprouver le troublant frisson de l’Inconnu qui nous guette à chaque pas. Ajoutons que nul mieux que lui n’a senti et exprimé l’ennui, le vide