Page:Walch - Poètes d’hier et d’aujourd’hui, 1916.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— L'on ne peut pas vivre ici,
      Tu viendras aussi...

— Seigneur, ma pauvre couronne
      Est de fleurs d'automne,
Mes pauvres bijoux, Seigneur,
      Sont gemmés de pleurs...

C'était l'aube. Je me tus.
L'un dit alors : « C'est dommage. »
L'autre reprit : « Je suis triste... »
Le plus beau ne disait rien :
Ses yeux bleus au fond des miens
      Ne me voyaient plus...

— Seigneur, Seigneur, vos deux frères
Sont déjà dans la clairière...

Alors il mit à mon doigt
Son anneau de fils de Roi.

— Allez-vous-en, Monseigneur...
— J'ai promis de t'épouser...
— Voici votre anneau, Seigneur,
Moi je garde le baiser. »

(L'Eau Souterraine.)


TESTAMENT

Riches, en vérité, vous avez bien raison
De verrouiller le soir vos puissantes maisons,
Et toujours avisés, quand la grande nuit tombe,
Riches, vous faites bien de maçonner vos tombes.
Riches, je vous comprends. Encor que décharnés,
Princes, comtes, barons, gens de bien, vous craignez,
En ce sombre séjour, les mauvaises manières,
Les propos déplacés, les façons familières
Des gueux qui, pour dormir sous des tertres voisins,
Pourraient croire qu'ils sont quelque peu vos cousins ?
Et puis, si votre fosse était mal cimentée,
Les moellons mal taillés des quatre murs, disjoints —
Qui sait si, succédant à vos filles de joie,