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colliberts.

moins paisibles, errant toujours auprès des rivages paternels et ne devant qu’à eux-mêmes le soutien d’une existence tout à fait inconnue aux peuples civilisés… On les oublia !… ils s’établirent où bon leur plut ; ils perdirent peu à peu la crainte qu’ils avaient des hommes ; les missionnaires en leur enseignant la religion catholique leur avaient enseigné les avantages réels du commerce, la nécessité de se créer une existence moins sauvage et moins misérable, ils leur avaient procuré quelques outils ; l’intelligence des Colliberts s’était développée à mesure que leurs âmes s’étaient élevées vers Dieu. Ils construisirent des bateaux plus grands et mieux faits que ceux qui avaient été détruits par les Normands, et se mirent à approvisionner de poissons les couvents environnants, puis, à mesure que la mer se retira et laissa quelques terres à découvert, ils s’en emparèrent, et y bâtirent des huttes semblables à celles de leurs ancêtres. La terre fut ensemencée ; des bourgs, des villages de huttes s’élevèrent ; les Colliberts formèrent de nouveau un petit peuple à part ; mais ils ne se teignaient plus les cheveux, ils ne se peignaient plus le corps ; de bons vêtements filés par leurs femmes et leurs filles, couvraient leur nudité, et ils étaient devenus confiants et hospitaliers. Quelques-uns d’entre eux, préférant leurs bateaux aux huttes, et la mer à la terre ferme, ne voulurent pas d’autre asile, et se vouèrent uniquement à la pêche, et à leur vie primitive, sans cesser de visiter les habitants des huttes et de vivre avec eux en bonne intelligence.