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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

elles ressemblent), elles courent peu de chance d’être découvertes par leurs ennemis. Chose remarquable, les Ithomia et autres espèces d’Héliconides imitées par les Leptalides, sont presque toutes connues pour être des espèces très-communes, excessivement nombreuses, et répandues dans toute une région considérable. Cette circonstance indique l’ancienneté et la permanence d’une espèce ; elle est aussi la condition la plus essentielle pour faciliter le développement de la ressemblance et accroître son utilité.

Les Leptalides ne sont pas les seuls insectes qui aient prolongé leur existence par l’imitation du groupe si bien protégé des Héliconides ; le genre des Érycinides, qui appartient à une autre famille de ravissants petits papillons d’Amérique, ainsi que trois genres de papillons nocturnes qui volent de jour, présentent aussi des espèces qui souvent imitent les mêmes formes dominantes, en sorte que quelques-unes, par exemple l’Ithomia ilerdina de St-Paul, sont habituellement accompagnées d’insectes qui appartiennent à trois groupes très-différents et sont pourtant déguisés par une forme, une couleur, et des taches qui, lorsqu’ils volent, les font confondre entièrement avec les Héliconides.

D’autre part, celles-ci ne sont point le seul groupe qui soit imité par d’autres, quoique la chose soit plus fréquente pour elles. Les Papilio rouges et noirs de l’Amérique du Sud, et le beau genre Stalachtis de la famille des Érycinides, ont aussi des imitateurs ; mais ce fait n’offre aucune difficulté, attendu que ces deux genres sont presque aussi nombreux que les Héliconides. Tous