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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

question fut discutée dans le sein de la Société entomologique à Londres, on mit en avant l’opinion, que beaucoup de cas de mimique pourraient avoir été produits par l’hérédité, ou par le retour de certaines espèces à la forme et aux couleurs de leurs types primitifs.

En ce qui concerne la création spéciale d’espèces mimes, nous rencontrons les mêmes objections et les mêmes difficultés qui s’opposent à l’idée d’une création spéciale en général, et aussi quelques autres particulières à ce cas-ci. L’argument le plus évident est basé sur les gradations qui existent dans la mimique et les ressemblances protectrices, et qui font présumer que celles-ci sont le produit d’un travail naturel. Nous trouvons une autre objection très-forte dans le fait que la mimique, ainsi que nous l’avons montré, n’est utile qu’aux espèces et aux groupes qui sont rares et probablement tendent à disparaître, et qu’elle cesserait complètement d’agir, si l’abondance relative des deux espèces était renversée ; dans la théorie d’une création spéciale, il faudrait donc admettre que l’une des espèces a été créée abondante, et l’autre, rare ; en outre, que celles-ci auraient dû être toujours maintenues dans la même proportion, malgré les causes nombreuses qui tendent sans cesse à l’altérer ; car, sans cela, le but même pour lequel elles auraient reçu ces caractères spéciaux, aurait été complètement manqué. Nous objectons enfin que, bien qu’il soit très-aisé de comprendre comment la mimique peut être amenée par la variation et la survivance des