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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

locales et polymorphiques, qui toutes jusqu’à présent ont été classées sous le titre commun de variétés. Le polymorphisme est frappant chez la femelle ; tantôt elle ressemble au mâle, bien qu’avec une teinte variable plus pâle ; tantôt, par l’extrémité spatulée de ses ailes postérieures et par sa couleur particulière, elle rappelle tout à fait le P. Coon, espèce dont les deux sexes sont identiques entre eux, qui habite les mêmes régions, et avec laquelle le P. Memnon n’a d’ailleurs aucune affinité directe. Les femelles sans queue présentent la variabilité simple, car on n’en trouve jamais deux absolument semblables même dans une seule localité. Les mâles dans l’île de Bornéo présentent des différences constantes à la surface inférieure du corps ; ils constituent par conséquent une forme locale, tandis que ceux du continent, dans leur ensemble, se distinguent de ceux des îles par des caractères si particuliers et si permanents, que je suis porté à en faire une espèce distincte, à laquelle on pourrait donner le nom de P. Androgeus (Cramer). Voilà donc à la fois, une espèce définie, des formes locales, le polymorphisme et la simple variabilité, qui me paraissent être autant de phénomènes différents, mais qui jusqu’à présent ont tous été classés comme des variétés. D’ailleurs nous avons une double preuve que ces formes distinctes appartiennent à la même espèce. MM. Payen et Bocarmé, à Java, ont obtenu d’un seul groupe de larves, les mâles ainsi que les deux formes de femelles, et j’ai moi-même pris à Sumatra, un P. Memnon mâle, ainsi qu’une femelle caudée du P. Achates, dans des circonstances qui m’ont