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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

une forme très-semblable ; j’ai trouvé deux autres spécimens, l’un dans l’île de Goram, et l’autre à Waigiou, qui tous deux sont évidemment des modifications locales de la même forme ; dans chacune de ces deux localités, j’ai trouvé aussi des mâles et des femelles ordinaires du P. Ormenus. Jusque-là, nous n’avons aucune preuve que ces insectes de couleur claire ne soient pas les femelles d’une espèce distincte dont le mâle ne serait pas encore connu ; mais deux faits m’ont convaincu que tel n’est pas le cas : à Darey, dans la Nouvelle-Guinée, où se rencontrent des mâles et des femelles normales très-semblables au P. Ormenus, mais qui me paraissaient devoir être classés comme espèces distinctes, j’ai vu l’une de ces femelles de couleur claire suivie de près dans son vol par trois mâles, exactement comme cela se passe, exclusivement je crois, entre les sexes de la même espèce. Après les avoir observés longtemps, je les pris tous les quatre, et je me convainquis que j’avais découvert le vrai caractère de cette forme anormale. J’en eus une nouvelle preuve l’année suivante, en découvrant dans l’île de Batchian une nouvelle espèce alliée au P. Ormenus, et en constatant que toutes les femelles que je pus voir ou prendre, appartenaient à une seule forme : elles ressemblaient beaucoup plus aux femelles claires anormales du P. Ormenus et du P. Pandion, qu’aux spécimens ordinaires de ce sexe. Tous les naturalistes conviendront, je pense, que ceci confirme fortement la supposition que les deux formes de femelles appartiennent à la même espèce. En outre, dans quatre îles différentes dans chacune