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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

lement constantes, et comme la plupart avaient déjà été nommées et décrites comme espèces, j’ai ajouté la forme de la Nouvelle-Guinée, sous le nom de P. Autolycus. Nous observons ainsi un petit groupe de papillons du type Ulysses, compris tout entier dans une région très-limitée, chaque espèce étant restreinte à une portion distincte de cette région, et toutes apparemment constantes, bien qu’inégalement différenciées. La plupart des naturalistes admettront comme possible et même comme probable que toutes ces formes ont été dérivées d’une souche commune, et il parait donc désirable de les traiter toutes de la même façon : soit comme des variétés, soit comme des espèces. Toutefois les variétés échappent constamment à l’attention ; elles sont souvent complètement oubliées dans les listes des espèces, de sorte que nous courons le risque de négliger les intéressants phénomènes de variation et de distribution qu’elles présentent. Je crois donc qu’il y a avantage à donner des noms à toutes ces formes ; ceux qui ne voudront pas les accepter comme espèces, pourront les considérer comme sous-espèces ou races.

Espèces. — Les espèces sont simplement les formes locales ou races fortement caractérisées, qui, mises en contact, ne se mélangent pas, et qui, lorsqu’elles habitent des régions distinctes, sont généralement considérées comme n’ayant pas une origine commune, et comme ne pouvant pas donner naissance à un hybride fécond. Mais le critère de l’hybridité ne peut pas s’appliquer dans un cas sur dix mille, et quand même il pourrait s’appliquer, il ne prouverait