Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

deux premiers, P. Paradoxa et P. Caunus, sont tellement identiques à l’Euplœa Midamus et à l’Euplœa Rhadamanthus, que je ne pouvais les distinguer au vol, quoique celui-ci fût très-lent. Le premier exemple est très-intéressant, parce que le mâle et la femelle diffèrent considérablement et que chacun d’eux copie le sexe correspondant de l’Euplœa. J’ai découvert dans la Nouvelle-Guinée une espèce de Papilio qui ressemble à la Danaïs sobrina du même pays, comme le Papilio Macareus ressemble à la Danaïs Aglaia à Malacca, et, d’après les dessins du docteur Horsfield, plus exactement encore à Java. Le Papilio Agestor (Inde) imite parfaitement la Danaïs Tytia, dont le coloris est d’un genre tout différent du précédent. Dans les Philippines, le curieux P. Idœoides doit, quand il vole, être pareil à l’Hestia Leuconoë, de la même région, comme le P. Delessertii imite l’Ideopsis daos de Penang. Dans tous ces cas, les Papilio sont rares, tandis que les Danaïdes sont assez abondantes pour gêner le naturaliste en quête d’une proie nouvelle. Les jardins, les routes, les faubourgs des villages en fourmillent, ce qui indique clairement que la vie leur est facile, et qu’elles sont à l’abri des ennemis par lesquels des races moins heureuses sont décimées. M. Bates avait montré que celle surabondance d’individus caractérisait en Amérique les groupes et espèces qui étaient l’objet de la mimique, et il est intéressant de constater, de l’autre côté du globe, la vérité de ses observations.

Le genre remarquable Drusilla est imité par trois genres distincts (Melanitis, Hyantis et Papilio). Les