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Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/241

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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

le plus à sa portée et le mieux adaptés à ses besoins. Le martin-pêcheur construit son nid avec les arêtes des poissons qu’il a mangés. L’hirondelle emploie de l’argile et de la boue prises sur les bords des étangs et des rivières, à la surface desquels elle trouve les insectes dont elle se nourrit. Bref, les matériaux dont les oiseaux font leurs nids, aussi bien que ceux que l’homme sauvage prend pour sa maison, sont donc ceux qui sont le plus à portée ; dans aucun cas, le choix n’est dû à un instinct spécial.

Mais, dira-t-on, ce sont surtout la forme et la structure des nids, plus encore que leurs matériaux, qui nous frappent par leur variété, et sont si merveilleusement adaptées aux besoins, aux habitudes de chaque espèce ; comment s’en rendre compte autrement que par l’instinct ?

Je réponds que nous en trouvons l’explication en grande partie dans les habitudes générales de l’espèce, dans la nature des outils qui lui sont donnés, et les matériaux qu’elle emploie, enfin dans le discernement des moyens les plus propres au but, discernement très-élémentaire, sans doute, mais qui rentre parfaitement dans la capacité intellectuelle de l’oiseau. La délicatesse et la perfection du nid seront proportionnées à la grandeur de l’oiseau, à sa conformation et à ses habitudes. Celui du troglodyte ou du colibri n’est peut-être relativement ni plus parfait ni plus beau que celui du merle, de la pie, de la corneille. Le troglodyte, avec son bec mince, ses longues jambes et sa grande agilité, peut très-facilement former un nid bien tressé