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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

tion du maître par l’élève fut si parfaite, qu’il était impossible de les distinguer l’un de l’autre. Chose plus extraordinaire encore, un moineau commun, oiseau qui d’ordinaire ne fait que gazouiller, apprit le chant de la linotte et du bouvreuil en étant élevé avec ces oiseaux. Le rév. W. H. Herbert fit des observations semblables et raconte que les jeunes, quand ils sont enfermés, apprennent facilement le chant des autres espèces et deviennent d’assez bons chanteurs, quoique, dans l’état de nature, ils soient pauvrement doués sous ce rapport. Le bouvreuil, dont le ramage est naturellement faible, dur et insignifiant, a néanmoins une faculté musicale remarquable, car on peut lui enseigner à siffler des airs complets. D’autre part, le rossignol, dont le chant naturel est si beau, montre une grande aptitude, dans la domesticité, à apprendre celui d’autres espèces. Bechstein parle d’un rouge-queue qui, ayant niché sous le bord de son toit, imitait le chant d’un pinson en cage sur une fenêtre au-dessous de lui, tandis qu’un autre, dans un jardin voisin, répétait quelques-unes des notes d’une fauvette à tête noire dont le nid était tout près.

Ces faits, et beaucoup d’autres qu’on pourrait citer, donnent la certitude que le chant particulier de chaque oiseau est acquis par imitation, aussi bien que l’enfant apprend l’anglais ou le français, non par instinct, mais en entendant le langage parlé par ses parents.

Il est particulièrement remarquable que, pour faire acquérir à de jeunes oiseaux un nouveau chant correc-