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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.

prêts à profiter des différentes circonstances qui se présentent. Il est donc probable qu’un changement de climat permanent obligerait beaucoup d’oiseaux à modifier la forme ou les matériaux de leurs nids, afin de mieux protéger leurs petits. L’introduction de nouveaux ennemis, dangereux pour les œufs et les petits oiseaux, produirait le même résultat ; une modification dans la végétation d’une contrée entraînerait l’emploi de nouveaux matériaux ; de même, si les caractères internes ou externes d’une espèce variaient lentement, elle serait portée à changer en quelque mesure son mode de construction. Ce résultat pourrait être dû à toutes sortes de modifications, par exemple : la force et la rapidité du vol, dont dépend la distance jusqu’à laquelle l’oiseau ira chercher ses matériaux ; la faculté de se tenir immobile en l’air, qui peut déterminer la place où le nid sera construit ; la force et la puissance préhensile de la patte, relativement au poids de l’oiseau, qui sont absolument nécessaires pour la construction d’un nid délicatement tressé et bien fini. La longueur et la finesse du bec, qui sert comme d’aiguille dans la fabrication des nids les plus fins, composés de matières textiles, la longueur et la mobilité du cou, qui concourent au même but, la possession d’une sécrétion salivaire, comme celle qu’emploient plusieurs hirondelles, certains martinets ou encore le merle-grive, ce sont là autant de particularités qui sont après tout le résultat de l’organisme, et déterminent le plus souvent la nature et le choix des matériaux aussi bien que leur combinaison, la forme et la position de l’édifice. Malgré ces change-