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CRÉATION PAR LOI.

compte autrement. Il est probable que ces lois fondamentales ne sont que le résultat de la nature même de la vie et des propriétés essentielles de la matière, soit brute, soit organisée.

M. Herbert Spencer, dans ses Premiers principes et dans sa « Biologie », me parait avoir assez bien fait comprendre cette connexion ; mais pour le moment nous pouvons accepter ces lois simples sans remonter plus haut, et la question qui se pose est alors celle-ci : ces lois peuvent-elles avoir suffi pour produire la variété, l’harmonie, la combinaison parfaite et la beauté que nous admirons chez les êtres organisés, ou bien faut-il encore admettre l’intervention constante et l’action directe de l’intelligence et de la volonté du Créateur ? Cela n’implique que cette question : Comment le Créateur a-t-il procédé ? Le duc d’Argyll (et je le cite comme ayant bien exprimé les opinions des adversaires les plus intelligents de M. Darwin) maintient que le Créateur a personnellement mis en œuvre des lois générales pour leur faire produire des effets que ces lois par elles-mêmes ne seraient pas capables de produire ; que l’univers seul, avec toutes ses lois intactes, serait une sorte de chaos, sans variété ni harmonie, sans but ni beauté ; qu’il n’y a (et que par conséquent nous pouvons présumer qu’il ne saurait y avoir) dans l’univers, aucune force capable de tirer son développement d’elle-même. Je crois au contraire que l’univers est constitué de façon à être à soi-même son propre régulateur. Aussi longtemps qu’il renferme la vie, les formes dans lesquelles celle-ci se manifeste sont douées