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CRÉATION PAR LOI.

Or cette manière de considérer l’origine de la structure des orchidées présente une difficulté à laquelle le duc ne fait aucune allusion. La plupart des plantes à fleurs sont fécondées, ou sans l’intervention des insectes, ou bien, si celle-ci est nécessaire, sans que la structure de la fleur subisse aucune modification bien importante. Il est donc évident qu’il aurait pu être créé des fleurs d’une beauté aussi variée et aussi originale que les orchidées, et qui néanmoins auraient été fécondées sans avoir une structure plus compliquée que celle des violettes, du trèfle, des primevères ou de mille autres espèces. Les étranges dispositions que nous offrent les fleurs de certaines orchidées, sous la forme de ressorts, de trappes et de pièges, ne peuvent pas être nécessaires par elles-mêmes, puisqu’elles manquent dans mille autres fleurs, qui néanmoins atteignent le même but. N’est-ce pas alors une idée extraordinaire, que de s’imaginer le Créateur inventant ces organes compliqués de quelques fleurs, comme un mécanicien inventerait un jouet ou une surprise ingénieuse ? N’est-ce pas une conception plus élevée, que de voir dans ces phénomènes les résultats de ces lois générales qui, à la première apparition de la vie sur la terre, furent coordonnées de façon à produire nécessairement le plus grand développement possible de formes variées ?

Mais prenons l’un des cas les plus simples parmi ceux qui ont été cités, et voyons si nos lois générales sont impuissantes à l’expliquer.