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CRÉATION PAR LOI.

ment, parmi les individus sauvages de cette famille, il n’y en a pas deux qui diffèrent autant dans la forme et les proportions que le bichon et le lévrier italien, ou le boule-dogue et le lévrier commun. Par conséquent, l’étendue connue de la variation est plus que suffisante pour faire dériver d’un ancêtre commun, toutes les formes de chiens, de loups et de renards.

On objecte encore que l’on ne peut développer davantage les caractères spéciaux du pigeon grosse-gorge ou du pigeon-paon ; dans ces oiseaux la variation semble avoir atteint ses bornes. Mais elle les a aussi atteintes dans la nature : la queue du pigeon-paon n’a pas seulement un plus grand nombre de plumes qu’aucune des trois cent quarante espèces de pigeons connues, mais plus que les huit mille espèces d’oiseaux connues. Il y a nécessairement une limite au nombre de plumes que peut avoir une queue utile au vol, et on y est probablement arrivé chez le pigeon-paon. Beaucoup d’oiseaux ont l’œsophage ou la peau du cou plus ou moins dilatable, mais elle ne l’est chez aucun oiseau connu autant que chez le grosse-gorge ; ici encore on a probablement obtenu le maximum compatible avec une existence saine. De la même façon, les différences de grandeur et de forme du bec parmi les différentes races de pigeons domestiques, sont plus grandes que celles qu’on observe entre les formes extrêmes du bec chez les différents genres et sous-familles du groupe entier des pigeons.

De ces faits, et de beaucoup d’autres analogues, nous sommes en droit de conclure que, si l’on appliquait