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DÉVELOPPEMENT DES RACES HUMAINES.

temporaires, produites par les conditions physiques et morales qui l’entourent ; l’autre parti maintient avec la même assurance que l’homme est un genre, composé lui-même de plusieurs espèces, dont chacune est invariable, et a toujours été aussi distincte ou même plus distincte que nous ne la voyons aujourd’hui. Cette divergence d’opinion est assez remarquable, car les deux partis sont bien au courant du sujet ; tous deux s’appuient sur un grand nombre de faits ; tous deux rejettent ces anciennes traditions de l’humanité qui prétendent rendre compte de son origine, et tous deux affirment n’avoir d’autre but que la recherche courageuse de la vérité. Mais chacun persiste à ne regarder que la portion de vérité qui se trouve de son côté et l’erreur qui est mêlée à la doctrine opposée. Je désire montrer comment ces deux théories peuvent se combiner, de façon à éliminer l’erreur de chacune d’elles, en retenant ce qu’elle a de vrai ; c’est au moyen de la célèbre théorie de M. Darwin sur la sélection naturelle, que j’espère y parvenir, conciliant ainsi les opinions contradictoires des anthropologistes modernes.

Examinons d’abord les arguments que présente chacun des partis.

Les partisans de l’unité de la race humaine font observer qu’il n’existe aucune race qui ne soit reliée aux autres par des transitions : chacune présente dans la couleur, les cheveux, les traits, la forme, des variations assez considérables pour combler la distance qui la sépare des autres. Aucune race, dit-on, n’est homo-