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DÉVELOPPEMENT DES RACES HUMAINES

caractéristique ; nous voyons par les sculptures et les peintures de l’Égypte que, pendant au moins quatre à cinq mille ans, les traits différents du Nègre et du Sémite n’ont subi aucun changement ; enfin des découvertes récentes prouvent que les constructeurs des tumulus de la vallée du Mississipi et les habitants des montagnes du Brésil avaient, même à l’enfance de notre espèce, quelques traces du même type particulier qui aujourd’hui encore distingue la conformation de leur crâne.

Si nous voulons trancher impartialement cette controverse en ne jugeant que d’après les arguments avancés de part et d’autre, il est certain que la théorie de la diversité primitive de la race humaine semble la mieux établie. Ses adversaires n’ont point réussi à réfuter ce fait que les races existantes nous apparaissent permanentes aussi loin que nous pouvons remonter dans leur histoire, et ils n’ont point réussi non plus à faire voir qu’à une époque plus ancienne, les variétés bien tranchées actuellement aient été plus rapprochées qu’elles ne sont aujourd’hui.

Toutefois, ce n’est là qu’une preuve négative. L’immobilité pendant quatre ou cinq mille ans n’exclut point le progrès durant une période antérieure ; elle ne le rend même pas improbable, s’il y a des arguments généraux pour l’admettre, et si nous pouvons montrer qu’il y a, dans la nature, des causes qui, lorsque certaines conditions sont remplies, doivent arrêter la marche de toute modification physique. Une telle cause existe, je le crois, je vais tâcher de faire voir quelle en est la nature et de quelle façon elle agit.