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PAR LA SÉLECTION NATURELLE.

mammifères existants n’était identique avec une espèce aujourd’hui vivante. Car pendant les longues séries de siècles qui ont vu ces animaux primitifs se transformer lentement, et devenir les espèces qui habitent aujourd’hui notre globe, la force qui agissait sur eux n’affectait chez l’homme que l’organisation mentale. Seul son cerveau augmentait en volume et en complexité, et son crâne subissait les changements de forme correspondants, tandis que l’organisme entier des animaux inférieurs se métamorphosait peu à peu. Ceci nous aide à comprendre pourquoi les crânes fossiles de Denise et d’Engis sont si semblables aux formes actuelles, bien qu’ils aient indubitablement été contemporains des grands mammifères disparus depuis. Le crâne du Néanderthal est peut-être un spécimen d’une race inférieure qui occupait alors le rang assigné aujourd’hui aux Australiens. Nous n’avons aucune raison de supposer que les modifications du crâne, du cerveau et de l’intelligence, aient dû marcher plus vite que celles des autres parties de l’individu, et nous devons par conséquent remonter très-haut dans le passé pour y trouver l’homme dans une condition intellectuelle assez arriérée pour que la sélection naturelle et les circonstances extérieures exercent encore sur son corps leur action combinée. Je ne vois donc aucune raison de contester à priori la possibilité de découvrir dans les terrains tertiaires des traces de l’homme ou de ses œuvres. Leur absence dans les couches européennes de cette époque n’a que peu de poids ; car, à mesure que nous remontons vers l’origine, nous devons nous attendre à trouver la