vable. C’est certainement un grand progrès que de se débarrasser de l’opinion qui admet l’existence de trois choses distinctes : d’une part la matière, objet réel existant par lui même, et qui doit être éternelle puisqu’on la suppose indestructible et incréée ; d’autre part la force, ou les forces de la nature, données ou ajoutées à la matière, ou bien constituant ses propriétés nécessaires ; enfin l’intelligence, qui serait, ou bien un produit de la matière et des forces qu’on lui suppose inhérentes, ou bien distincte quoique coexistant avec elle. Il est bien préférable de substituer à cette théorie compliquée, qui entraîne des dilemmes et des contradictions sans fin, l’opinion bien plus simple et plus conséquente, que la matière n’est pas une entité distincte de la force, et que la force est un produit de l’esprit.
La philosophie a depuis longtemps démontré notre incapacité de prouver l’existence de la matière, dans l’acception ordinaire de ce terme, tandis qu’elle reconnaît comme prouvée pour chacun, sa propre existence consciente. La science a maintenant atteint le même résultat, et cet accord entre ces deux grandes branches des connaissances humaines doit nous donner quelque confiance dans leur enseignement. La manière de voir à laquelle nous sommes arrivés me parait plus grande, plus sublime et plus simple que toute autre. Elle nous fait voir dans l’univers un univers d’intelligence et de volonté. Grâce à elle, nous pouvons désormais concevoir l’intelligence comme indépendante de ce que nous appelions autrefois la matière, et nous entrevoyons comme possibles une infinité de formes de l’être, unies