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Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/416

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NOTES.

tence individuelle, si l’un de ces éléments est en excès. Je n’affirme pas que la vie végétative soit entièrement due à un pareil équilibre de forces, mais seulement que nous pouvons la concevoir comme telle.

Quant au sens intime, il en est tout autrement. Ses phénomènes ne peuvent se comparer à aucun de ceux qui se manifestent dans la matière soumise à l’action de l’une des forces connues ou concevables de la nature ; et nous ne pouvons concevoir une transition graduelle de l’inconscience absolue à la possession du sens intime, d’un organisme insensible à un être sentant. La perception et la conscience de soi-même, à l’état le plus rudimentaire, sont à une distance infinie de la matière absolument insensible ou inconsciente. Nous ne pouvons concevoir aucun accroissement physique, aucune modification, qui rendrait consciente une masse inconsciente ; aucun pas dans la série des changements que peut subir la matière organisée, ne saurait produire la perception là où immédiatement avant il n’y avait ni perception, ni faculté de l’éprouver. C’est parce que les choses sont absolument incomparables et incommensurables, que nous ne pouvons nous représenter la perception dans la matière si ce n’est comme lui ayant été communiquée du dehors ; la vie, au contraire, peut se concevoir comme une simple combinaison spécifique et une coordination de la matière et des forces qui composent l’univers, éléments dont chacun nous est connu.

Nous pouvons admettre avec le professeur Huxley, que le protoplasme est la « matière vitale » et la cause de l’organisation. Mais nous ne pouvons admettre ou concevoir que le protoplasme soit la source première de la perception et du sens intime, ni qu’il puisse jamais de lui-même devenir conscient, tandis que nous pouvons peut-être concevoir qu’il devienne vivant.