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RÉPONSE AUX OBJECTIONS

quelque chose, comme l’a remarqué M. le duc d’Argyll, et ils ne réussissent que trop, à la présence d’un gros nid, à deviner l’oiseau caché et sa couvée. »

Cette objection ne me parait pas très-sérieuse, pour deux raisons : en premier lieu les nids, quelque grands qu’ils soient, s’harmonisent généralement par leurs teintes, avec les objets environnants, et, à distance, ne se voient pas aussi bien qu’une tache de couleur brillante. En second lieu, les « gamins » ne sont pas les principaux ennemis naturels des oiseaux, et quant aux oiseaux de proie, bien qu’ils attaquent et dévorent souvent les petits oiseaux, ils ne détruisent pas les nids eux-mêmes.

Après avoir résumé d’une manière qui, je le reconnais, est très-impartiale, les motifs pour lesquels je pense que la sélection naturelle n’a pas agi seule dans le développement de l’homme, M. Claparède donne à entendre que j’ai si complètement abandonné mes propres principes darwinistes, que le lecteur n’aura pas de peine à me réfuter. Il se borne par conséquent, à présenter quelques « réflexions ». Je regrette qu’il n’ait pas cru devoir prendre la peine de faire davantage ; car je serais très-curieux de savoir comment mes arguments peuvent être si facilement réfutés, j’ai vainement cherché chez mes critiques autre chose que des objections très-générales. Néanmoins, je répondrai aux « réflexions » de M. Claparède, attendu qu’elles ont tout à fait le caractère de véritables objections. Il dit, pages 25-27 : « M. Wallace n’a pas reculé devant l’explication de la formation graduelle du chant de la fauvette et du rossignol par voie de sélection naturelle. La chose est toute simple, bien fou serait celui qui voudrait recourir ici à l’intervention d’une force supérieure, amie du beau ! Les fauvettes femelles et les rossignols de même sexe ont toujours accordé leurs faveurs aux mâles bons chanteurs. C’était la conséquence de leurs goûts musicaux et des aptitudes harmoniques de leur oreille. Malheur aux pauvres mâles à registre peu étendu ou à timbre fêlé ; les douceurs de la paternité leur ont été impitoyablement refusées ; ils sont morts de jalousie dans la tristesse et l’isolement. Ainsi s’est formée la race des bons chanteurs qui