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DE LA TENDANCE DES VARIÉTÉS À S’ÉCARTER

ques, la tendance des variétés à revenir à la forme mère.


La lutte pour l’existence.


La vie des animaux sauvages est une lutte pour l’existence. Toutes leurs facultés, toutes leurs ressources sont employées à préserver leur propre vie et à pourvoir à celle de leurs descendants en bas âge. L’individu, comme l’espèce entière, ne saurait subsister sans la possibilité de se procurer de la nourriture pendant les saisons défavorables et d’échapper aux attaques de ses ennemis les plus dangereux.

Ces conditions limitent aussi la multiplication de l’espèce, et l’étude attentive de toutes les circonstances peut nous faire comprendre, et jusqu’à un certain point expliquer, ce qui au premier abord paraît étrange, savoir l’abondance excessive de certaines espèces, contrastant avec la grande rareté d’autres espèces très-semblables.


La loi de la multiplication des espèces.


On voit d’emblée quelle est la proportion générale qui doit régner entre certains groupes d’animaux.

Les grandes espèces ne peuvent pas être aussi abondantes que les petites ; les carnivores doivent être moins nombreux que les herbivores ; il ne saurait y avoir autant d’aigles ou de lions que de pigeons ou d’antilopes ; et les ânes sauvages des déserts de la Tartarie n’égaleront pas en nombre les chevaux des riches prairies et des pampas de l’Amérique.