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Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/66

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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

n’ont pas été surpassées. Cette théorie était éminemment séduisante ; elle était symétrique et complète, exposait et employait diverses analogies et affinités fort intéressantes. La série de volumes de l’Encyclopédie de Lardner, dans lesquels M. Swainson appliqua sa théorie à la plupart des groupes du règne animal, la fit connaître, et cet ouvrage fut longtemps le meilleur et le plus populaire à l’usage de la nouvelle génération de naturalistes.

Elle fut accueillie aussi avec faveur par l’ancienne école, ce qui était peut-être un signe de son peu de valeur. Un nombre considérable de naturalistes connus en parlèrent avec approbation ou soutinrent des opinions analogues, de sorte qu’elle fit du chemin pendant quelque temps ; dans des circonstances aussi favorables, elle aurait dû se consolider pour peu qu’elle contînt un germe de vérité ; elle s’éteignit cependant en quelques années. Son existence est aujourd’hui un simple fait historique, et si rapide fut sa chute, que son habile promoteur Swainson fut peut-être le dernier qui y ajouta foi.

Tel est le sort d’une théorie fausse. Tout autre est celui d’une doctrine vraie, et le progrès de l’opinion sur la question de la sélection naturelle nous en offre un exemple. En moins de huit ans, le livre de l’Origine des espèces a produit la conviction dans l’esprit de la majorité des savants les plus éminents. À mesure que des faits, des problèmes nouveaux, des difficultés nouvelles surgissent, ils sont expliqués et résolus par cette théorie, et toutes les branches de la science apportent des arguments en sa faveur. Le but de cet essai est de