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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

se défendent ou se cachent. La phosphorescence dont plusieurs insectes sont doués, sert probablement, entre autres usages, à effrayer leurs ennemis. Kirby et Spence ont vu un Carabe tourner autour d’un scolopendre lumineux sans oser l’attaquer. Un nombre immense d’insectes sont pourvus d’aiguillons, et quelques-unes des fourmis du genre Polyrachis ont sur le dos de fortes épines qui doivent empêcher les petits oiseaux insectivores de les manger. Plusieurs coléoptères de la famille des Curculionidæ ont les élytres et les autres parties externes si dures, qu’on ne peut les fixer sans percer un trou d’avance, et leur excessive dureté leur sert probablement de protection.

Beaucoup d’autres insectes se cachent parmi les pétales des fleurs, ou dans les fentes du bois ou de l’écorce ; des groupes considérables et certains ordres tout entiers ont une odeur ou un goût désagréable qu’ils possèdent en permanence ou exhalent à volonté. Les attitudes de certains insectes peuvent aussi les protéger : ainsi, les Staphylins, tout à fait inoffensifs, relèvent leur queue de telle manière que d’autres animaux peuvent, comme les enfants, les croire armés d’un aiguillon. L’attitude bizarre que prennent les chenilles des sphinx et les tentacules rouge-vif que les chenilles des Papilios font sortir de leur cocon, leur servent probablement de sauvegarde.

C’est parmi les groupes pourvus à un haut degré de l’un de ces divers moyens de défense, que nous trouvons le plus de couleurs voyantes, ou tout au moins l’absence la plus complète d’une imitation protectrice ;